Un aspect des tourments de l’envahi

 

pendant la guerre

 

Etre en France, être rapatrié en France pendant la guerre, c'était pour les populations envahies, être ou aller dans la partie non occupée par les ennemis. Il leur semblait qu'elles habitaient un pays à part, une région maudite, sur le chemin de toutes les invasions, où les souffrances, les vexations, les privations, les tourments étaient alors leur lot. Les français libres se sont-ils bien rendu compte de l'existence de l'envahi pendant les années d'occupation étrangère ? En plus des sévices contre sa personne, des privations, il avait à se défendre dans ses biens. Comme au début j'allais réclamer protection au commandant allemand parce que les soldats enlevaient le foin et l'avoine de nos chevaux et que nous ne pourrions plus les nourrir, sa réponse fut : « Que voulez-vous que j'y fasse ? Défendez-vous ! C'est à vous de vous défendre ! — Mais, je suis seul et vos soldats sont nombreux ! » Un geste me fit comprendre que la question était réglée et que nous n'avions, suivant sa parole, qu'à nous défendre avec pour seule arme : la ruse.

Pendant quatre années tout ce qu'on peut imaginer a été soumis à des réquisitions, même les noyaux de prunes ! Je me demande s'il n'y avait pas un conseil allemand en permanence pour découvrir ce qui pouvait encore nous être enlevé. A chaque annonce de réquisition, toujours accompagnée de menaces de prison ou d'amendes formidables en cas de dissimulation, notre première idée était : « Ah ! les voleurs ! ils n'auront rien ! » mais, la réflexion venant, on rusait, on donnait ce qu'on ne pouvait dissimuler, on cachait ce qui avait de la valeur, naturellement en opérant toujours sans éveiller les soupçons des ennemis. Leur amour-propre, leur susceptibilité, des officiers principalement, étaient énormes et les conséquences de ce qu'ils attribuaient à un manque d'égards pouvaient être déplorables. Un exemple : au début de l'occupation, un voisin avait des officiers allemands à loger. La dame avait laissé des housses à ses fauteuils et rangé le tapis et différents objets au grenier : froissés d'un tel manque de politesse ils firent emporter ce qui avait été retiré, comme inutile aux propriétaires et commencèrent une série de persécutions qui ne finit qu'avec leur expulsion de leur maison. Mais cacher continuellement sans que des hommes aussi intelligents que nous, habitant nos maisons, ne s'en aperçoivent pas, et ne trouvent pas nos dépôts, ne va pas sans transes continuelles, sans que des inconvénients que nous n'avions pas soupçonnés ne viennent les compromettre et nous faire souffrir.

C'est l'histoire de ces tourments des envahis que je veux essayer de montrer en racontant, comme exemple, l'histoire, et les émotions que me donnèrent quelques-unes de ces cachettes que je fis pendant la guerre, et qui échappèrent aux ennemis.

A la déclaration de guerre, je quittai Laon, où j'habitais, pour remplacer àMontcornet, mon gendre mobilisé qui tenait une maison de quincaillerie. Après la bataille de Guise-Vervins, on vit apparaître quelques uhlans sur la crête de Vigneux, et le lendemain un groupe de ceux-ci arriva dans la localité par la route de Rozoy, en provoquant une certaine panique. Affolés, on se figurait que ces quelques uhlans allaient faire un pillage général et beaucoup se mirent à cacher sans réflexion ce qu'ils avaient de précieux, à se débarrasser des armes. Ma fille remplit une marmite de la monnaie d'argent en caisse et de petite argenterie et me la confia pour la mettre en sûreté, ce que je fis en allant l'enfouir provisoirement dans un tas de poussier de. charbon. Les uhlans ne firent que traverser la ville, aucune troupe ennemie n'y passa. Les soldats qui avaient livré la bataille de Guise avancèrent par la vallée de l'Oise, ceux qui s'étaient battus à Rethel se dirigèrent sur Paris par la vallée de l'Aisne et le Soissonnais ; Montcornet eut un calme mort jusqu'à ce que les allemands, battus sur la Marne, remontant vers le nord, vinrent l'occuper le 11 septembre, et, à cause des facilités de communications, y installèrent l'inspection de la 2° armée. On avait annoncé l'arrivée des troupes pour la nuit, toutes les portes devaient être tenues ouvertes si on ne voulait les voir brisées à coups de hache. J'avais eu auparavant le loisir de mettre ma marmite en sûreté. Je l'avais placée dans un coin de la cour d'un magasin séparé par la rue de la maison principale. Sous un abri j'avais fait un trou d'une soixantaine de centimètres de profondeur, placé la marmite, puis en tassant et replaçant soigneusement la terre dans le même ordre, j'avais recouvert l'emplacement d'un tas de briquettes.

Les troupes étant arrivées la nuit, je me rendis le matin dans le magasin pour voir ce qui s'y passait. Le spectacle ne fut pas réconfortant : des hommes et des chevaux partout ; au milieu de la cour un feu alimenté par des marchandises neuves. J'en informai leur officier qui mit un arrêt à ce vandalisme.

Dans le coin où était la marmite, les briquettes avaient été ôtées et deux chevaux en piétinaient l'emplacement, me donnant une première crainte, celle que le tassement de la terre ne vienne à révéler qu'il y avait là quelque chose d'anormal. Bref, les soldats n'enlevèrent pas le fumier, tout se passa bien. Après deux mois d'occupation, soldats et chevaux qui faisaient partie de la «Feldpost .» quittèrent les locaux nous causant moins de pertes que le début ne l'avait fait craindre et j'obtins qu'ils ne fussent pas réoccupés. Ma marmite sommeilla tranquillement jusqu'au printemps de 1917 qui fut mauvais pour nous. Les allemands eurent connaissance deux mois à l'avance d'une offensive de grande envergure que les français préparaient sur le front Chemin des Dames en Champagne, et. bondèrent littéralement Montcornet d'officiers, et de troupes toute la région au nord de ce front. La boucherie qui occupait déjà une partie des maisons de la rue, prit de l'extension, absorba notre magasin pour en faire un atelier d'équarrissage, où on transformerait tous les cadavres de chevaux et d'animaux en matières utilisables : peaux, poudre de viande, graisse, crins, etc. On vint me prévenir un samedi soir que le lendemain des soldats viendraient préparer les locaux et m'aider à enlever les marchandises qui s'y trouvaient.

Pour une tuile sur la tête, c'en était une, car j'avais fait d'autres cachettes dans ces magasins et il n'y avait pas de temps à perdre pour les dissimuler à nouveau en profitant de l'expérience acquise. Je laissai ma marmite en place espérant qu'elle continuerait à y être en sûreté. Une huitaine de soldats arrivèrent le lendemain, se mirent de suite à l'œuvre, les uns transportant les marchandises, les autres sous les ordres du sergent de la boucherie démolissant des hangars qui devaient gêner l'installation. Au bout du magasin se trouvait un jardin allant jusqu'à un bras de la rivière du Hurtaut dont on nous laissa la jouissance, mais en y accédant par un jardin voisin où on avait la possibilité de voir ce qui se passait dans la cour.

Pendant la période d'aménagement on me laissa libre accès dans les locaux. J'eus d'abord la pénible surprise de voir piocher le terrain où était la marmite. Pour niveler le sol on enlevait de la terre de ce côté, un peu plus élevé, pour combler un fond à fumier à l'autre bout, et, comme elle n'était pas profondément enfouie n'allait-on pas la trouver ou remarquer que le sol avait été fouillé ? Tout se passa bien mais elle ne fut plus recouverte que d'une vingtaine de centimètres de terre. On ne soupçonnait rien grâce à la précaution prise de remettre la terre dans l'ordre où elle avait été extraite.

Je n'étais pourtant pas rassuré, qu'allait-on faire sur ce sol aplani ? Pour le savoir, j'avais toujours l'air de m'intéresser aux travaux, je pus voir entre les mains du chef un plan de hangar et un coup d'œil me fit remarquer les emplacements des trous pour les poteaux dont un devait être à peu près à la place de la cachette qui serait alors sûrement trouvée. Vous pensez si les travaux m'intéressaient ! Par bonheur le trou se trouva à environ quinze centimètres. Les chevaux qui, au début, avaient été mis là, tassèrent la terre, rien ne s'éboula et ne fut remarqué.

Le hangar monté, un dallage en briques avec enduit de ciment recouvrit le sol : cela devenait bon. Quelques jours plus tard, n'ayant plus alors l'entrée des locaux, j'entendis frapper dans ce coin en allant au jardin comme si on entamait le dallage. Mes transes reprirent, que diable pouvait-on encore faire ? allait-on trouver notre trésor ? Le jardin recevait souvent ma visite espérant le revendiquer s'il était découvert. On perça le mur pour faire passer un tuyau destiné à amener l'eau de la rivière à une pompe fixée au poteau. Un peu plus tard nouvelle alerte : j'aperçus à travers la cour une tranchée d'une cinquantaine de centimètres de profondeur partant d'une machine à vapeur et dirigée vers la pompe, à mon idée pour faire passer une canalisation alimentant la chaudière sans crainte pour la gelée. Alors si on entamait le dallage ma cachette était découverte ! J'eus le plaisir de voir la canalisation, à l'arrivée au dallage, déviée contre le mur.

Cette fois ce fut la fin de mon tourment pour celle-là. Les bouchers en piétinèrent l'emplacement pendant un an et demi sans se douter de ce que recelait le sol à quelques centimètres de profondeur.

L'acte final eut lieu, après la délivrance, lorsque les soldats français ayant succédé aux allemands, je pris un burin et un marteau, et, entamant le ciment, je leur montrai l'art de découvrir des trésors en enlevant notre marmite !

La longue occupation ennemie nous donnait de l'expérience dans l'art de faire des cachettes. On reconnaissait les défauts des manières d'opérer, de loger les choses périssables ; on distinguait les emplacements qui offraient le plus de sécurité.

A l'invasion, nous avions recueilli une parente âgée d'un village voisin, laissant sa maison inoccupée. Naturellement les soldats l'habitèrent. Averti d'un changement de troupes qui devait la, laisser libre quelques heures, je m'y rendis pour en rapporter quelques objets. Voici le tableau que je vis : les lames du parquet avaient été soulevées ; les ébrasements des cheminées démolis ; le carrelage de la cuisine enlevé en partie, parce qu'une canalisation qui passait dessous révélait un vide ; les fonds de placards arrachés ; le coffre-fort, laissé ouvert, avait été refermé et on avait percé des trous autour de la serrure pour l'ouvrir ; une fosse de plusieurs mètres carrés de surface et assez profonde avait été faite dans la cave pour mettre à l'air les trésors qu'on supposait cachés. C'était une leçon !

En rentrant à la maison j'ai immédiatement retiré de l'or que j'avais1 enfoui dans la cave pour le loger au pied d'un mur intérieur dans un joint de moellons où il resta jusqu'à la libération.

Cacher dans la maison lorsque les ennemis habitent avec nous c'est difficile ; au dehors, on avait bien des sujets de craintes : on pouvait être vu ; le sol pouvait être bouleversé : trous pour poteaux d'électricité, rigoles pour canalisations d'eau ou d'électricité, tranchées, trous produits par l'éclatement des bombes et obus ; de plus, en cas de soupçons, les allemands inondaient le terrain pour reconnaître les affaissements du sol fouillé, ou chargeaient une équipe de soldats armés de longues fiches de fer de le sonder pour atteindre les choses enfouies. Il fallait penser à tout cela, puis un nouvel inconvénient se présentait à votre esprit et vous recommenciez.

Je cachais les papiers roulés fortement serrés dans des tubes de zinc pris dans des tuyaux de descente de gouttières sciés à la longueur convenable et fermés avec des rondelles soudées pour ne laisser entrer aucune humidité. Je reconnus par la suite qu'un badigeonnage de goudron ou de vernis était nécessaire pour les empêcher de se piquer dans le sol humide.

J'avais enlevé du magasin occupé par la boucherie deux de ces tubes, et heureusement, car leur emplacement fut creusé pour établir un fourneau et des aires à dessécher la poudre de viande, mais, il fallait les recacher ! J'enfouis l'un hors du bourg, dans la boue d'un ruisseau d'eau sale venant de la sucrerie, avec l'espoir qu'on ne creuserait pas le sol à cet endroit ; j'enterrai l'autre dans un réduit, près de la boucherie, où se trouvaient des marchandises, puis, sous prétexte de rangement, je pris un homme qui m'aida à édifier dessus une pile de ces lourdes meules de grès pour forgerons, de 1 m. à 1 m. 20 de diamètre, que je ne pouvais soulever seul.

Les débris de boucherie attirèrent un nombre fabuleux de rats qui devenaient énormes et creusaient la terre partout où elle était peu serrée. Une équipe de ces maudites bêtes se mit à sortir la terre remuée de dessous la pile de meules, me laissant douter de la sûreté de ma cachette que je résolus de changer. Ne pouvant seul enlever les meules, je combinais ce plan qu'une petite galerie serait facile à creuser, pendant l'absence des soldats à midi, pour atteindre le tube. Le début du creusage alla bien, mais la difficulté augmenta vite : j'étais couché, le bras allongé, la tête à terre, je croyais toujours atteindre le but mais ne touchais que des pierres ! L'heure passait, j'étais énervé, harassé, inondé de sueur ! J'abandonnais et courus demander aide à l'ouvrier qui m'avait déjà aidé à placer les meules : à deux, nous eûmes vite fait de les déplacer et de remettre le tout en place pour l'arrivée des soldats.

Mais il fallait le recacher. En passant près d'un trou creusé à 1 m. 50 de profondeur pour recevoir le pied d'un poteau télégraphique, j'eus la tentation de l'enterrer au fond de ce trou où il aurait été bien repéré et bien protégé, mais la crainte d'être surpris par le retour des télégraphistes m'en empêcha. Je décidai de le mettre dans notre cour, sous un escalier de fer. Je pouvais être vu des fenêtres des maisons voisines, les soldats passaient sur l'escalier, mais je dressai mon plan. Je forgeai une barre d'acier pour creuser le trou sans frapper pour ne pas attirer l'attention, je me munis d'un sac et organisai un rangement de ferrailles. Chaque fois que j'entendais arriver un allemand, j'étendais le sac qui était supposé me servir de tapis, et, après son passage, je continuai mon travail.

Il arriva un jour que les aéroplanes français se mirent à nous rendre visite et à semer des bombes de côté et d'autre. La sucrerie qui était transformée en ateliers et remises pour camions-autos devint une de leurs cibles. Mais nos aviateurs n'avaient pas de chance, les bombes tombaient sur les maisons voisines ou dans les champs : deux tombèrent non loin du fossé d'égout où j'avais une cachette et firent dans le sol très meuble des entonnoirs énormes. Je me décidai à la changer, mais où la replacer ? Je pensai au cimetière que je supposais à l'abri des bombes. Je chargeai une brouette de plantes de bordures, de bornes d'angles et j'allai orner la tombe de ma belle-mère décédée peu de temps auparavant, travail paraissant tout naturel à trois soldats occupés non loin de là. Ils ne remarquèrent pas que le trou d'une des bornes avait été creusé plus profond et que j'y avais glissé mon tube à cacher ! Il y reposa en paix malgré les chutes de bombes et le bombardement final.

Les réquisitions de cuivre furent de celles auxquelles on fit le plus de résistance : nous ne pouvions comprendre qu'on fut assez barbare pour nous faire contribuer à la fabrication de munitions pour tuer nos enfants. On en livrait un peu, ce qui n'avait pas de poids, pour paraître se conformer aux ordres sans cesse renouvelés, et on faisait disparaître le reste.

Je laissai descendre deux sacs à charbon de robinets, bassines, coquemars, etc., dans le puits d'un jardin éloigné clos de murs ; deux caisses dans le puits de notre maison ; de lourdes barres dans la vase de la rivière ; des boutons de portes dans un réservoir de goudron et encore ailleurs. ,

A l'occasion d'une de ces cachettes de cuivre, j'ai eu quelques heures d'angoisse. J'avais mis, étant bricoleur, de petites cuivreries dans un bidon bosselé et je décidai de le jeter dans la rivière au bout de notre jardin, au milieu de débris de même nature, où je pourrais le repêcher plus tard. De l'autre côté de la rivière se trouvait dans une île un jardin que la commandanture avait réservé parce qu'elle avait eu vent qu'il s'y trouvait des cachettes. Je jette donc le bidon, mais au lieu de s'enfoncer, il surnage faiblement et est trop loin pour pouvoir le retirer.

Je pense que le courant va le conduire au barrage du moulin, j'y vais pour le voir arriver et le repêcher. J'attends longtemps, je remonte la rivière, rien n'arrive. Je retourne au jardin, je cherche le bidon des yeux et je suis consterné de le voir arrêté sur le bord du jardin de la commandanture : si on le trouvait là, je serais soupçonné. Pour le repêcher j'avise un bassin en tôle que les soldats d'un atelier voisin avaient mis à l'eau pour le faire naviguer comme une barque, je m'y rends, m'embarque, arrive au bidon que cette fois je coule en bonne place et reviens avec mon embarcation. Un soldat survient : « Monsieur, promenade ? — la, la ».

Les allemands n'ont pas trouvé mes cachettes, mais je n'ai pas eu ce bidon, ni les sacs de cuivre descendus dans le puits d'un jardin. Deux bombes d'aéroplanes sont tombées sur le bord de la rivière en recouvrant le fond d'une épaisse couche d'argile. Le puits était contre un mur qui s'écroula et on le combla avec les débris : ce sera matière à trouvaille et à dissertations pour les archéologues de l'avenir.

Combien d'autres sujets de transes, de périodes d'émotions si on voulait tout raconter, pour conserver du linge, de la laine, de la nourriture, des choses précieuses à soi et aux personnes amies. M. le Doyen avait quelques pièces d'or de cinquante et cent francs qu'on lui avait confiées mais dont le dépôt le tourmentait, car on devait remettre tout son or : il vint me prier de les mettre en sûreté. Ma fille les met provisoirement dans l'armoire. Mais le lendemain une imprudence de ma part amène une équipe de trois policiers, puis de cinq, à perquisitionner pendant deux jours dans toute la maison, le chef trouve les pièces d'or, qu'à cause de leur dimension il ne reconnaît pas pour être de la monnaie, il s'informe à ma fille de ce qu'elles sont : « Des souvenirs de famille ». Il les laissa. Entre parenthèse cette perquisition nous valu, à ma fille et à moi, six semaines de cellule pour soupçon d'espionnage.

Un dernier trait. De ces choses d'occupation ennemie lorsque l'esprit en reprend le fil, on aurait toujours à dire.

En quittant Laon, j'avais enterré des papiers dans un tube, j'espérais les retrouver deux mois plus tard. Toutes les compétences avaient déclaré que la guerre ne pouvait durer, qu'au bout de deux mois la débauche de munitions, les dépenses de toutes sortes seraient telles que les pays belligérants seraient ruinés en hommes et en argent.

Au mois d'avril elle n'était pas terminée et on ne prévoyait pas quand elle finirait. Ma cachette était en terre, facile à trouver si les allemands cultivaient le jardin ; il me fallait donc aviser.

Ce n'était pas facile d'obtenir un passeport, quel motif donner ? J'insinuai au sergent de la commandanture qui venait réquisitionner à la maison que si un objet que nous ne possédions pas leur était nécessaire, il pourrait me charger d'aller le chercher à Laon : « Mais volontiers, me dit-il, nous avons besoin d'une cuvette de cabinets d'aisances, en voilà deux qui sont brisées par le commandant ». Il me procura un passeport et je remplis mes deux missions.

Ces tracas et ces émotions que j'ai éprouvés, dont je viens de donner quelques exemples, pour mettre en sûreté une vingtaine de cachettes, tous les envahis ont eu plus ou moins à les avoir, tous en auraient l'histoire à raconter puisque à peu près tout était réquisitionné et que tous nous cherchions à défendre' ce que nous considérions comme notre bien. Mais la manière de voir allemande était celle-ci : « Nous ne sommes pas chez vous, c'est vous qui êtes chez nous », et ils sous-entendaient : « ce que vous possédez est à nous ».

 

 

 

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